Depuis des décennies, le poids des cannes n’a cessé de diminuer. Les matériaux constituant celles-ci ont évolué au fil des années afin de devenir de plus en plus légers (bois, métal, bambou, verre plein, verre creux, carbone, graphite, bore, ….). Tous ces progrès techniques sont particulièrement intéressants pour la pêche à la mouche. En effet, ce mode de pêche demande beaucoup d’efforts au bras du pêcheur. Donc, quelques grammes en moins sont toujours bons à prendre.

IL FAUT DONC "ALLEGER" !!!


Le bambou étant ce qu’il est, il est difficile de modifier sa structure. Peut être verra t’on un jour sur le marché un bambou deux fois plus léger car modifié génétiquement. Pour l’instant, nous n’en sommes pas là ! ! ! Nous devons nous contenter de notre bon vieux "bambou du Tonkin".

La trempe des premières "ébauches" de bambou dans un four nous a déjà permis de gagner un peu de poids. Il y a encore moyen de faire mieux en enlevant le maximum de bambou sur les éléments qui formeront le "blank".
 
C’est la technique de l’allégement par creusement d’alvéoles. Celles-ci formeront, dans le centre du « blank », des petites cavités creuses, également de forme hexagonale. C’est ce qu’on appelle la "structure alvéolaire". La canne perdra ainsi environ un cinquième de son poids.
 
Pour le petit côté historique, il semblerait que l’inventeur des cannes creuses soit le constructeur américain "WINSTON".

 

Tout d'abord, il est nécessaire de calculer les emplacements des alvéoles, sur les deux éléments (Talon et scion) qui ont été profilés au cours de l'étape précédente. Pour cela, j'utilise un petit logiciel que j'ai mis au point. Celui-ci me servira à calculer les longueurs des alvéoles, leurs nombres en fonction des longueurs dont je dispose entre les noeuds de bambou, et les espacements entre celles-ci. Le programme prend également en compte les parties où je ne désire pas creuser (Haut de scion, bas du talon, et emplacement de la virole). Les alvéoles auront un diamètre qui diminuera progressivement du talon de la canne à la pointe du scion.

 

Après cela, il va falloir tracer les côtes données par le logiciel sur les brins de bambou. Un brin est donc placé dans le gabarit de finition. Il est maintenu en place à l'aide d'aimants. Une règle, positionnée le long du brin, va servir à placer les alvéoles.

 

A l'aide du crayon, les endroits qui seront creusés sont marqués.

 

Le petit espacement laissé entre les deux alvéoles et appelé "point de contact intermédiaire". Il a une longueur de 5mm. Il s'agit d'une petite longueur non-creusée qui est laissée entre deux alvéoles. Ces « points de contacts » sont destinés à éviter l'ovalisation du blank et renforcer la rigidité de la canne.
 
Les alvéoles sont maintenant toutes dessinées sur le brin.
 

 

Il va donc falloir creuser uniquement au niveau des zones noircies.

 

Pour cela, les baguettes vont être posées les unes près des autres sur une surface parfaitement plane. Le côté "écorce" du bambou sert d'assise. Les marques noires sont dirigées vers le haut.

Les baguettes sont ensuite fermement plaquées avec des cales en bois munies de patins protecteurs. La présence de ces derniers évite d'abîmer les arêtes des brins et le déplacement de ceux-ci pendant le creusement. La réglette en acier étiré qui se trouve sur l'avant du dispositif de fixation a été placée à cet endroit afin d'éviter de trop creuser (Rôle de jauge de profondeur). Il suffit ensuite de creuser les alvéoles. Certains se servent d'une lime. En ce qui me concerne, je le fais à l'aide d'une "DREMEL". Je préfère cette solution car elle permet d'usiner dans le sens des fibres du bambou. Après creusement, on obtient ceci :

Une autre vue :

 

 

Les alvéoles vues d'encore plus près :
 

 

Une autre vue prise du bout du dispositif :

 

 

Lorsque toutes les alvéoles sont creusées, les 6 brins sont enlevés de la table. Il ne reste plus qu'à recommencer les mêmes étapes avec le deuxième élément de la canne.

 

Voici un brin de talon dont les alvéoles sont terminées.

 

 

Vous remarquerez que le "point de contact", à droite sur la photo, est plus long que les deux du milieu.
 
 
 
Vous ne savez pas pourquoi ???
 
 
C'est tout simplement qu'à cet endroit se trouve un noeud de bambou.
 
 
 
Hé oui, rappelez vous !!!
 
 
 
Nous sommes partis d'un tronc de bambou BRUT !!!
 
 
Au niveau d'un noeud, les fibres ne sont pas régulières et il s'agit de l'endroit le plus fragile sur un brin de bambou. C'est pour cette raison qu'il faut éviter de creuser à cet endroit. On laisse donc, au niveau de tous les noeuds, un espacement non creusé, et plus long que les "points de contacts intermédiaires".

 

Les deux éléments alvéolés (Talon et scion) sont maintenant totalement préparés. Ils seront ensuite collés avec la machine à encoller les brins.